Mme Rachida Dati, députée au Parlement européen, et ex-garde des Sceaux et ministre de la Justice française, est depuis hier à Alger, pour vendre le projet cher à Sarkozy de l’Union pour la Méditerranée (UPM).
Un projet qui peine à avancer depuis son lancement officiel, en juillet 2008. Secret de Polichinelle, les pays de la rive sud de la Méditerranée, à leur tête l’Algérie, refusent légitimement de s’associer au projet de l’UPM qui inclut l’Etat d’Israël, tant que le conflit israélo-palestinien perdure.
La cause du Sahara occidental sera naturellement au cœur de cette conférence-débat. L’eurodéputée a, rappelons-le, voté contre la dernière résolution du Parlement européen portant envoi d’une mission d’enquête sur les violences commises par le Maroc contre les populations sahraouies dans la région d’El-Ayoun.
La position de l’ex-garde des Sceaux française découle-t-elle de la position officielle de la France sur la question du Sahara occidental, ou bien l’avait-elle prise en tenant compte de ses origines maghéribines, elle qui est de père marocain et de mère algérienne ?
A cette question posée hier, à l’occasion de sa conférence de presse tenue à l’Ecole nationale supérieure des sciences politiques (ENSSP) d’Alger, Mme Dati a répondu que sa position n’était motivée ni par des considérations politiques ni par ses origines maghrébines, mais bien par son « ignorance » de ce qui a bien pu se passer dans les territoires occupés du Sahara occidental. « Moi, je porte l’intérêt général, je ne vote pas sur des choses que je ne connais pas ! Le vote sur cette résolution a d’ailleurs été précipité. Il aurait dû attendre au moins jusqu’à décembre au lieu d’octobre », s’est-elle justifiée. Auparavant, et au cours de sa conférence - débat sur le thème « Quel avenir pour l’UPM ? », tenue à l’amphithéâtre de l’ENSSP, Mme Dati a appelé à « laisser l’ONU faire son travail », pour la résolution de la question du Sahara occidental. « C’est vrai qu’il faut des éclairages sur les événements qui ont eu lieu au Sahara occidental, mais devons-nous pour autant radicaliser les choses ? », s’est-elle interrogée.
S’agissant du conflit israélo-palestinien, la juriste française a appelé à « dépasser ce conflit » et à « penser davantage à faire avancer le projet de l’UPM ».
Même si elle reconnaît la « sensibilité » du projet de l’UPM, Dati a déclaré qu’elle croyait fermement « à l’urgence de recevoir ce projet ». « La Méditerranée est à la fois, un lieu d’échanges, mais aussi de tensions, pour ne pas dire de séparations. D’où notre destin commun à construire ensemble cette union ».
A ceux qui estiment que ce projet n’a pas avancé d’un iota depuis son lancement, Mme Dati a tenté de démontrer que des projets économiques sont en passe d’être réalisés dans le cadre de l’UPM. Elle a cité les projets du plan solaire et des systèmes de protection de l’environnement. Abordant l’immigration clandestine, l’ex-ministre française a indiqué que la France, tout comme les autres pays du vieux continent, « n’est ni pour une immigration zéro ni pour des régularisations massives ». Pour elle, « s’attaquer à l’immigration clandestine, c’est aussi s’attaquer à la misère humaine ». D’où, soutient-elle, la nécessité d’instaurer un « partenariat concerté » sur l’immigration entre les pays des deux rives de la Méditerranée.
Farid Abdeladim
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Source : Le Jeune Independant