Le parti FLN traverse-t-il vraiment une zone de turbulences ? Une fois de plus, les bookmakers politiques, et ils sont nombreux, allaient en être pour leurs frais…
La situation actuelle est-elle tellement différente ? Certes, en pénétrant dans la salle du Comité central, Belkhadem avait le visage fatigué. Celui d’un homme marqué par l’épreuve que venait de traverser le FLN ces dernières semaines. Mais, même fragilisé, le secrétaire général du parti FLN continue de concentrer entre ses mains l’essentiel des pouvoirs.
Son silence au lendemain des affrontements entre militants ? On peut aussi l’interpréter comme l’effet d’une tactique par laquelle le parti préserve son secrétaire général. Et si l’échec de sa politique a fait des mécontents, n’est-ce pas aussi celui de l’ensemble d’une direction dont les membres les plus importants figuraient en bonne position. Cependant, il ne faut pas se fier aux apparences quand la base commence à secouer le cocotier !
Conscients de se trouver aujourd’hui dans une zone de tempêtes, les dirigeants du parti ont tendance à resserrer les rangs. « Nous ne nous laisserons pas imposer nos thèmes de débat par les journaux » affirment-ils en dénonçant vigoureusement les attaques dont les militants sont victimes.
La nécessité de se serrer les coudes n’empêche pas certains militants de laisser éclater leur déception. Et même leur désarroi. Mais, c’est avant tout à la politique gouvernementale que, parmi la base, on impute la responsabilité du non avancement du plus vieux parti. Des militants ont protesté contre la politique économique et le chômage.
L’examen de conscience auquel doit se livrer aujourd’hui le FLN, peut-il se limiter à cette interprétation ? Certes, celle-ci a l’avantage de la simplicité. Si le FLN n’avance pas, c’est au bout du compte parce qu’il a payé la note du socialisme. Et les électeurs se sont abstenus, plusieurs fois, parce qu’ils ont rendu le parti coresponsable de leur marasme et surtout de la cherté de la vie et de la dégringolade de leur pouvoir d’achat, ajoutant à cela les multiples informations relatives aux détournements de fonds, à la corruption et aux énormes prêts bancaires qui ne sont pas remboursés.
Les dirigeants du FLN sont pourtant
tous, à peu près, d’accord. Si une telle réaction
est incompréhensible, le parti n’a pas
intérêt à abandonner le pouvoir. Le remède
serait pire que le mal. Dans son rapport introductif
aux travaux du dernier congrès,
Belkhadem a souligné qu’il fallait relancer
les actions, mais il n’a pas laissé entrevoir
de remise en question de la stratégie du
FLN.
Si le débat, ouvert au sein du parti, demeure
aussi limité, les militants risquent
pourtant de rester sur leur faim. Beaucoup
d’entre eux ont été frappés par le décalage
entre la réussite « historique » du parti FLN
durant la guerre de libération et l’échec non
moins « historique » du même parti au
lendemain de l’indépendance. Certains
dirigeants ont laissé transparaître leurs
états d’âme. Ballon d’essai ou initiative personnelle ?
Tout compte fait, Belkhadem, dans les
mois à venir, n’aura sûrement pas du pain
sur la planche pour pouvoir arbitrer ses instances
dans 48 wilayas. Ce qui montre
aussi à quel point le parti de Belkhadem
reste éloigné du rêve des pauvres Algériens.
B. Belkacem
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Abdelaziz Belkhadem
Source : La V.O