Le 15ème Salon international
du livre d’Alger (SILA)
s’ouvre aujourd’hui à Alger
et se poursuivra jusqu’au 06
novembre 2010. Mais les habitués
de l’événement (parce qu’ils
existent) étaient hier à 24 heures
de l’inauguration de l’événement
intrigués par le gel du contenu
du site Internet du SILA.
Comme eux, on ne savait pas
en quoi va consister le rendezvous
de cette année. Sa particularité,
déjà, est qu’il a été précédé
d’une agitation inhabituelle
suscitée par la participation ou
la non participation de l’Egypte.
On sait déjà que l’événement
sera abrité sous un gigantesque
chapiteau au complexe olympique
Mohamed Boudiaf à Alger,
un lieu contesté par le syndicat
du livre SNEL, animé notamment
par Ahmed Madi. Comme
d’habitude, l’événement devrait
être placé sous le haut patronage
du président de la République
et organisé par le ministère
de la Culture. Ce Salon
international du livre d’Alger a
pour commissaire Smaïn Ameziane,
directeur des éditions
Casbah. Entre 200 et 400 éditeurs
participeront à ce rendezvous
culturel, dont plusieurs
auteurs étrangers qui viendront
animer des débats et des séances
de dédicaces. Parmi les
auteurs étrangers, on susurre
que le journaliste et auteur Patrick
Poivre d’Arvor sera un des
invités de renom.
Naturellement, les maisons
d’édition algériennes devraient
être présentes en force pour présenter
leur production et surtout
leurs derniers titres. L’appel au
boycott de ce salon par les éditeurs,
lancé par la voix de Ahmed
Madi du SNEL, serait loin
de faire l’unanimité. Les principaux
éditeurs membres de ce
syndicat ne veulent pas pratiquer
la politique de la chaise vide,
même s’ils ne partagent pas la
manière de faire du commissaire
Smaïn Ameziane.
Ce dernier avait exclu une participation
égyptienne à cet événement
culturel prétextant en
substance qu’elle serait incompatible
avec les séquelles des incidents
consécutifs aux matchs
de football entre les deux pays,
en novembre dernier, et la campagne
anti-algérienne qui s’en
est suivie. On s’était alors étonné
du silence officiel du ministère
algérien de la Culture par rapport
à cette surprenante et inédite
initiative. Elle avait notamment
suscité la protestation de
nombreux intellectuels et citoyens
algériens en Algérie, en
Europe, au Canada et dans le monde qui se sont notamment
élevés dans une pétition contre ce
mélange des genres et contre l’exclusion
d’un pays dont l’apport culturel,
passé et présent, au patrimoine
universel est indéniable.
LE MARCHÉ
DU LIVRE « RELIGIEUX »
Finalement, le ministère de la
Culture a tranché en invitant officiellement
la Bibliothèque
d’Alexandrie à l’événement, le
mois dernier, rendant caduques
ainsi les déclarations péremptoires
de Smaïn Ameziane, commissaire
du SILA, qui excluait
toute participation égyptienne.
Mais, la presse égyptienne qui
s’est emparée de l’affaire, a
avancé que la Bibliothèque
d’Alexandrie aurait décliné l’invitation
algérienne. Hier le
chargé de la communication
du SILA a indiqué hier à l’AFP
que les égyptiens seront absents
du salon. Avant cette
déclaration il avait été avancé
que leur présence serait symbolique
avec un stand nettement
plus petit que d’habitude.
Le commissaire du SILA, Smaïn
Ameziane, avait déclaré à ce
propos qu’« en concertation
avec les Egyptiens, il a été décidé
de restreindre » à 100 m² le
stand des éditeurs égyptiens
dont la Bibliothèque d’Alexandrie.
Les quelque 70 éditeurs
égyptiens bénéficiaient de 1000
m² lors des précédents salons
sur un espace total de 8000 m².
A côté de ce sujet polémique,
il y a l’aspect foire ou souk de
ce SILA. L’événement provoque
un intérêt certain auprès du public.
La fréquentation des allées
du SILA, chaque année, est
considérable. Elle est motivée
tant par les nouveaux titres
qu’exposent les éditeurs que par
les vieux stocks qu’ils proposent
aux visiteurs. Tout un chacun a
eu le loisir de constater surtout
la forte présence du livre dit « religieux
». Certains observateurs
estiment qu’il atteint jusqu’à
60% des ouvrages exposés. Il se
trouve que souvent ces écrits
propagent des idées extrémistes
notamment celles du salafisme
dans toutes ses variantes y compris
le « salafisme scientifique »
dont les prédicateurs ont pignon
sur rue en Algérie. « Il y a une
demande », indique-t-on dans
les milieux qui commercialisent
ces ouvrages. Du côté des autorités,
tout porte à croire que ce
phénomène est toléré. Au SILA,
de mémoire, aucun organisateur
n’a jamais dédaigné ce segment
du marché. Il est vrai qu’il
fait fonctionner le tiroir-caisse et
qu’il assure à l’événement sa dimension
de souk populaire.
Oualid Ammar
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Assemblée Populaire Nationale
Source : Le Quotidien d'Oran