Meziane Meriane, le coordon
nateur national du Syndicat
national autonome des professeurs
de l’enseignement secondaire
et technique (SNAPEST), nous
a déclaré hier que la décision du
ministre est non conforme à la loi.
M. Meriane répondait à notre sollicitation
de réagir à l’annonce
faite par Benbouzid de « licencier
les enseignants au bout de trois
absences non justifiées ».
Pour rappel, le ministre de
l’Education nationale, Aboubakr
Benbouzid, avait averti, jeudi
dernier, qu’enseignants et surveillants
qui cumuleront trois absences
non justifiées seront licenciés
de leurs postes. Le ministre a
aussi fait part de la nécessité pour
l’éducation de lutter contre ce
qu’il appelle « absentéisme » et envisage
de revoir les textes afin de
se doter de moyens légaux dans
le but de sanctionner plus sévèrement
les absences irrégulières.
Contacté hier par téléphone,
le coordonnateur du SNAPEST a
qualifié cette décision du ministre
de l’éducation nationale « d’incompatible
» avec les lois de la République
et les législations relatives
au code du travail et à la fonction publique. « Toutes les absences
peuvent être justifiées, sauf
les grèves, semble dire le ministre
du Travail », selon Meriane.
Notre interlocuteur rappelle que
les arrêts de travail se font dans
un cadre légal et en conformité
avec la législation régissant les
conflits de travail. Et d’ajouter
« que les grèves des enseignants
n’ont jamais été des grèves
qu’on peut qualifier de politiques,
car les syndicats brandissaient
toujours des revendications
socioprofessionnelles ».
Commentant le fait de charger
les walis et les directions de l’éducation
de wilaya de prendre en
main les problèmes qui surgiront
au niveau de leurs wilayas, notre
interlocuteur parle de tentative de
réduire les capacités de mobilisation
des syndicats et de les
émietter, excluant de « facto » la
direction nationale de chaque
syndicat à laquelle personne ne
peut enlever la qualité de partenaire
social. « D’autant qu’il y a
des questions, a-t-il ajouté, qui
nécessitent d’être débattues à
un haut niveau ».
Achour Idir, représentant du
Conseil des lycées d’Algérie
(CLA), explique que d’un point de
vue réglementaire, « toutes les absences
sont sanctionnées jusqu’au
licenciement qui intervient à la
suite d’une procédure légale ». Et
d’ajouter que « le ministre n’invente
rien, il veut seulement créer une
confusion entre conflit de travail
et absentéisme qui sont deux
choses différentes. La grève est
régie par une loi à part ». Selon
le représentant du CLA, le
pas est vite franchi pour faire
croire que grève et absentéisme
sont la même chose.
Le représentant du Syndicat
autonome des travailleurs de
l’éducation et de la formation (SATEF),
Salem Sadali, a pour sa
part qualifié la sortie de Benbouzid
de « sidérante ». « Il ne peut parler
ainsi de choses réglementées
déjà par la loi », dit-il. Le SG du
SATEF ajoute que les enseignants
ne céderont pas un pouce de leurs
droits. A propos de la prise en
charge des conflits par les walis
et les directeurs de l’éducation, le
représentant de ce syndicat dira :
« Nous continuerons notre lutte
sans entrer dans des moules que
nous n’acceptons pas ».
Pour le moment, rien n’est
décidé par les syndicats, même
si l’idée d’une journée de protestation
contre cette directive
fait son chemin.
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Source : Le Quotidien d'Oran