Le ministre algérien des Affaires
étrangères, M. Mourad
Medelci, a effectué une visite
en Espagne où il a été reçu par le
roi Juan Carlos et le Chef du gouvernement
Mariano Rajoy. Le ministre
algérien, indique l’APS, a eu
des entretiens « approfondis » avec
son homologue espagnol José Manuel
García-Margallo.
L’aspect économique, important
pour une Espagne en crise, a été évoqué
avec une mise en exergue des
« possibilités d’intensification de la
coopération et son élargissement à
de nouveaux secteurs comme celui
de l’habitat, des transports, des énergies
renouvelables et du tourisme ».
Pour atteindre l’objectif d’un « vaste
partenariat stratégique », les deux
parties se sont mises d’accord pour
« multiplier les contacts pour identifier
les opportunités de partenariat
et d’affaires » dans les secteurs cités
afin de fructifier la « complémentarité
et l’important potentiel qui existe
pour l’approfondissement de la coopération
bilatérale ». La presse espagnole
a souligné l’appel de Medelci
aux entreprises espagnoles à investir
dans les projets prévus en Algérie
dans le domaine des infrastructures
scolaires et sanitaires ainsi que dans
le logement. Il a également insisté sur
le rôle important que peut jouer
l’Espagne « non seulement dans l’industrie
du gaz mais aussi dans les
énergies renouvelables ». MM. Medelci
et José Manuel Soria, ministre
de l’Industrie, de l’Energie et du
Tourisme, ont dit pour l’occasion
leur satisfaction pour le fonctionnement
du gazoduc Medgaz et du projet
pilote de la station hybride de
Hassi R’mel de production de l’électricité
combinant le gaz et l’énergie
solaire, déjà opérationnel.
L’ORDRE
CONSTITUTIONNEL AU MALI
Dans le domaine politique, les deux
parties ont, sans surprise, évoqué la
question du Sahara Occidental, la situation
au Sahel et au Mali ainsi que
les « derniers développements au Proche-
Orient et sur la scène arabe ». On
n’a pas d’indication sur ce qui a été
dit au sujet du Sahara Occidental où
la responsabilité historique et politique
de l’Espagne est lourde. Sur le
Mali, l’Aps indique de manière très
générale que le ministre a présenté la
position de l’Algérie fondée sur la « nécessité
de promouvoir une solution
politique fondée sur la restauration de
l’ordre constitutionnel au Mali et la réconciliation
nationale dans le pays, et
d’oeuvrer pour la lutte contre le terrorisme
dans le nord dans le cadre de
la coopération régionale et des mécanismes
et instruments pertinents
mis au point par les pays du champ ».
Le prochain sommet des 5 + 5 à
Malte a été également abordé avec
le « souhait » qu’il permette de booster
la coopération entre les pays des
deux rives. Finalement pour sortir de
la langue de bois diplomatique, il faut
aller lire l’entretien accordé par le ministre
algérien au journal El Pais.
UN « CADRE JURIDIQUE »
SUR LE BLASPHÈME
Ainsi, au sujet des tumultes provoqués
par le film « Innocence des musulmans
», M. Medelci sans demander
une législation universelle contre le blasphème a estimé nécessaire « un
cadre juridique pour le combattre ».
C’est une idée défendue par d’autres
pays arabes mais qui se heurte au
rejet des Occidentaux qui estiment
que le principe de la liberté d’expression
et de croyance ne peut être discuté.
« Il est nécessaire de faire un effort
» au niveau mondial pour élaborer
un cadre juridique adéquat à ces
situations car, dit-il, il « n’est pas tolérable
» qu’au nom de la liberté d’expression
on dénigre les convictions religieuses.
Au sujet de la mort de l’ambassadeur
américain et de trois fonctionnaires
à Benghazi, Medelci a relevé
qu’en Libye les armes « circulent
avec facilité » et il est difficile de prévenir
une action terroriste. L’Algérie,
a-t-il dit, a prévenu que la chute de
l’ancien régime allait entraîner un renforcement
du terrorisme. Mais pour
d’autres pays, l’agenda prioritaire était
de provoquer le changement de régime
sans évaluer « suffisamment ses
effets collatéraux ». Medelci indique
aussi avoir discuté de la situation au
Mali qui est préoccupante.
Il estime que la crise malienne comporte
deux versants. « D’un côté, il y
a un développement des capacités
des terroristes du fait de la guerre en
Libye qui a permis un afflux d’armes.
De l’autre, l’instabilité de la gouvernance
malienne qui doit être consolidée
par le dialogue entre le pouvoir
central, les Touaregs et les musulmans
qui demandent que la législation s’inspire,
en partie de la Charia, comme
cela est le cas dans de nombreux pays
dont l’Algérie ».
LA CRISE LIBYENNE
A FAIT PASSER
LE TERRORISME D’UNE
ÉCHELLE DE 10 À 100
Mourad Medelci a indiqué également
que l’Algérie vérifiait toujours
la véracité de l’assassinat du viceconsul.
« Il n’est pas facile de le faire »
a-t-il dit en soulignant que l’Algérie
est la cible du terrorisme mais qu’elle
n’est pas seule. « Nous avons demandé
à nos partenaires européens
et africains d’approfondir la coopération
dans trois domaines : le renseignement,
la formation dans la lutte
antiterroriste et la fourniture de
matériel spécial ». A une question sur
certaines analyses de la presse algérienne
qui voient dans le Mujao qui
ne « frappe que l’Algérie » une création
marocaine, Medelci répond sans
s’engager : « nous connaissons ces
analyses ». Le Mujao, explique-t-il, est
un « groupe à mi-chemin entre le terrorisme
et le trafic de stupéfiants ».
« Personne ne tire de profit du développement
du terrorisme. En Espagne,
où l’on est relativement loin du
foyer terroriste du Sahel, on l’a compris.
Ceux qui sont plus près, le comprendront
encore mieux ». Medelci
préfère mettre en avant l’aspect « positif
» qu’a constitué la première réunion,
à l’initiative de l’Algérie, en
juillet dernier, des ministres des Affaires
étrangères consacrée aux questions
de sécurité. Le journaliste fait
remarquer que l’Algérie a déjà lancé
une initiative similaire au Sahel avec
le Cemoc et que cela n’a pas freiné
la progression du terrorisme. Réponse
du ministre : « Elle n’a pas servi
car nous avons été débordés. La prévision
de la menace de terroriste était
estimée à 10, elle a été de 100. Nous
ne sommes pas responsables de l’erreur,
cela fait partie des dommages
collatéraux de la crise libyenne ».
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Source : El-annabi.com