Le personnel navigant commercial
d’Air Algérie a poursuivi hier son
débrayage, perturbant sérieusement
le programme des vols domestiques
et vers l’Europe notamment.
La réunion qui a eu lieu avec la direction
d’Air Algérie lundi dernier a fini en
queue de poisson. En effet, les responsables
d’Air Algérie ont proposé une
hausse de salaire de l’ordre de 20%
mais les représentants des stewards et
des hôtesses de l’air ont rejeté catégoriquement
cette proposition, avons-nous
appris de sources syndicales. Nos sources
soutiennent que la grève se poursuivra
jusqu’à la satisfaction de leurs
revendications, à leur tête le problème
des salaires. Les syndicalistes exigent
d’être rémunérés au même titre
que leurs collègues des autres services
du personnel navigant.
« C’est le statu quo », nous a déclaré
hier Hamamouche Yacine, représentant
le collectif du personnel navigant
commercial. Ce dernier a infirmé formellement
la tenue d’une quelconque
réunion avec la direction générale d’Air
Algérie, ni hier ni avant-hier. « La dernière
réunion que nous avons eue avec
les responsables, remonte au 10 juin
dernier au niveau du centre du simulateur
d’Air Algérie à Kouba », ajoute M.
Hamamouche. Il expliquera que les représentants
du collectif du personnel
navigant commercial étaient arrivés le
10 juin dernier à se mettre d’accord
avec la direction générale pour un « salaire
de référence » au même titre que
celui du personnel navigant technique,
mais coup de théâtre, quelques jours
après, le directeur des ressources humaines
d’Air Algérie est venu pour leur signifier
que la revendication est irréalisable.
« C’était pourtant acquis à 90% »,
ajoute M. Hamamouche qui souligne
que le secrétaire général d’Air Algérie
avait même demandé un délai de 6 mois
puis un autre délai supplémentaire de 2
mois pour pouvoir appliquer la décision
de hausse de salaire.
Le nouveau patron de la compagnie
nationale s’est engagé lors du premier
contact à prendre en charge le salaire
de référence comme cela a été décidé
par son prédécesseur, nous dira M. Hamamouche
qui poursuit que « le PDG
d’Air Algérie est mal conseillé et que
certains lui chuchotent à l’oreille pour
l’induire en erreur ». Il soulignera que
le personnel qu’il représente n’a jamais
voulu faire grève mais que le retournement
de situation était tel que le recours
à l’arrêt de travail était inévitable.
En tous les cas, la situation se corse
de plus en plus au niveau des aéroports
du pays, notamment les plus importants,
à savoir Alger et Oran mais aussi
à l’étranger. Sur les 80 vols programmés
hier à l’aéroport international
Houari Boumediene d’Alger, seuls 5 ont
pu décoller, a fait savoir le représentant
du collectif du personnel navigant commercial.
Des vols en provenance de
Lyon et d’Avignon ont tous également
atterri. « Nous sommes dans une situation
de blocage », conclut Hamamouche
Yacine, joint par téléphone.
La tension vécue durant la journée du
lundi à l’aéroport d’Es-Sénia Oran suite
à la grève du personnel navigant d’Air
Algérie a baissé d’un cran, hier, malgré
l’annulation des vols programmés durant
cette journée à l’exception de celui
à destination de Paris. Selon des
sources au niveau de l’aéroport, six
vols à destination de France, d’Espagne
et d’Arabie Saoudite ont été annulés.
Sur le tableau d’affichage, les
horaires des vols d’Air Algérie étaient
maintenus sans aucune observation annonçant
un report ou une annulation.
Cependant, si le calme régnait dans la
salle d’attente de l’aéroport, au niveau
de la salle d’assistance spéciale voyageur,
c’était le brouhaha. Hommes et
femmes, billets à la main, se bousculaient
devant le bureau du chef d’escale
pour un éventuel OK pour embarquer
sur les vols d’Air Méditerranée ou
Aigle Azur. Mais pas facile de « caser »
tout le monde. Le chef d’escale se montrant
compréhensif de la situation des
voyageurs et de leur impatience, a tenté
de les rassurer et de trouver une place
lorsque les cas présentaient un caractère
d’urgence. Pour satisfaire au
mieux la demande, une liste a été établie
afin d’embarquer les cas les plus
urgents sur des vols des deux autres
compagnies aériennes. Selon une employée
d’Air Algérie, c’est la compagnie
qui s’est chargée de faire le transfert des
billets et même de l’hébergement pour
certains voyageurs qui se sont retrouvés
bloqués à l’étranger.
L’aéroport Med Boudiaf à Constantine
était paralysé, hier pour la seconde
journée, par la grève du personnel navigant
commercial. Aucun avion d’Air
Algérie n’a décollé hier de la piste de
l’aéroport Med Boudiaf en raison de ce
mouvement social, nous a indiqué un
cadre de la compagnie aérienne.
« Douze vols étaient inscrits dans le programme
de la journée d’hier (ndlr, mardi
12 juillet) dont trois sur les lignes extérieures
et neuf autres sur les lignes
intérieures, mais les avions sont restés
cloués au sol durant toute la journée »,
nous apprend un employé de l’entreprise
de gestion des services aéroportuaires.
« Ils sont toujours en grève », lance
un voyageur affalé sous un arbre. Le
préjudice est grave pour la compagnie,
qui perd avec ce débrayage d’énormes
intérêts financiers avec la fuite de la
clientèle vers d’autres compagnies
étrangères (deux avions d’Aigle Azur ont
décollé hier de l’aéroport Med Boudiaf),
surtout dans une conjoncture qui plaide
pour le redoublement des efforts afin
de satisfaire la forte demande de la clientèle.
Une clientèle qui subit, elle aussi,
de plein fouet les effets de ce conflit
social. Presque tous les voyageurs des
lignes intérieures se sont résignés à prendre
d’autres moyens de transport terrestre
pour rejoindre leurs destinations.
DES ALGÉRIENS PASSENT
LA NUIT DANS
DES AÉROPORTS EN FRANCE
A l’aéroport Marseille-Provence, environ
600 passagers qui devaient embarquer
sur des vols d’Air Algérie à destination
de plusieurs villes algériennes
étaient bloqués, hier mardi. Selon des
agences de presse, des incidents ont été
enregistrés dans la matinée d’hier lorsqu’une
partie d’entre eux a tenté de forcer
un barrage de police. Des CRS ont
été appelés en renfort. Deux vols ont été
annulés lundi et quatre mardi. La compagnie
aérienne a proposé de rembourser
les billets ou d’acheminer ses clients
par ferries au départ de Marseille, a-t-il
encore été indiqué.
A l’aéroport parisien d’Orly, des dizaines
de passagers n’ayant pu embarquer
lundi sur des vols de la compagnie Air
Algérie, patientaient toujours hier dans
une ambiance tendue. Des passagers
ont passé la nuit sur place au terminal
Orly Sud dans l’attente d’un vol. Huit
vols de la compagnie Air Algérie ont été
annulés lundi à l’aéroport d’Orly et les
vols de mardi étaient également annulés.
La compagnie a demandé mardi
aux passagers de ne pas se présenter à
l’aéroport. Quatre rotations entre Orly
et les villes d’Alger, de Béjaïa et d’Annaba
ont été annulées, alors que quatorze
vols étaient prévus au total lundi.
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Source : Le Quotidien d'Oran