Le ministre de la Santé, de la Population et de la
Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, est une
nouvelle fois monté au créneau pour s’exprimer sur le
mouvement de protestation des médecins résidents
qui sont en grève illimitée depuis le 28 mars dernier.
Tout en admettant que la grève concerne
dix wilayas disposant de CHU,
le ministre qui répondait aux questions
des membres du Conseil de la Nation
a notamment tenté d’apaiser les blouses
blanches en formulant un certain nombre
de promesses liées à leurs revendications.
Le représentant du gouvernement a
en outre déclaré que « la justice qui a été
saisie en référé a déclaré, mercredi 6 avril,
la grève des médecins résidents illégale ».
Invité par nos soins à réagir aux déclarations
du ministre, Amine Benhabib, porteparole
du collectif des médecins résidents
algériens, dit « relever beaucoup de contradictions
dans les propos d’Ould Abbès ». Il
affirme que seules 12 personnes ont été
assignées par cette décision de justice. Pour
lui, « la décision évoquait une organisation
qui n’existe pas. Nous nous sommes, ditil,
organisés en collectif qui n’a pas été cité
dans la décision de justice. De plus, cette
décision a un vice de forme puisqu’elle
contient beaucoup d’erreurs dans les noms
des médecins cités. Pour décréter la grève
illégale, il faut assigner tous les résidents et
pas seulement 12 d’entre eux. Pour nous,
la grève continue ».
Le ministre a appelé les médecins résidents
à la raison les invitant à regagner leurs
postes de travail et à poursuivre le dialogue
avec le ministère. Réaction du Dr Benhabib :
« Premièrement, nous n’avons jamais
perdu la raison. Secundo : comment
voulez-vous que nous siégeons dans des
commissions qui sont désavouées par le
ministre lui-même, lui qui ne cesse d’affirmer
que le règlement du statut et des questions
pédagogiques relève respectivement
et de la direction de la fonction publique
et du ministère de l’Enseignement supérieur
». Les médecins résidents exigent la
révision de l’actuel statut qui devrait leur
assurer un droit syndical, des congés de
maternité pour les résidentes, la mise en
place d’un plan de carrière et l’ouverture
de postes budgétaires.
Le ministre a affirmé que les revendications
liées à la révision du statut de la profession
promulgué en 1996 et aux indemnités
relatives au risque de contagion ont
été satisfaites. Le Dr Benhabib souligne une
contradiction dans cette déclarations du
ministre : « Nous ne savons pas sur quelle
base M. Ould Abbès dit cela. Deux jours
auparavant, il affirmait pourtant qu’une tel règlement échoit à la direction de la fonction
publique. » Des délégués des médecins
résidents avaient été reçus le 29 mars
par le ministre lors d’une réunion au cours
de laquelle les deux parties ont décidé la
mise en place de trois commissions mixtes.
Ces trois commissions regroupaient
des représentants du ministère de la
Santé et les délégués du collectif des
médecins résidents. La première commission
devait proposer un amendement
du statut particulier du médecin
résident, la seconde devrait traiter des
aspects pédagogiques et la troisième est
censée trouver une solution pour le service
civil obligatoire, dont les médecins
résidents demandent la suppression.
Mardi 5 avril, les délégués nationaux des
médecins résidents se sont retirés de ces
commissions. « Ces commissions ne sont
pas en mesure de prendre en charge nos
revendications », explique le Dr Benhabib.
Les médecins résidents réclament l’abrogation
des lois et décrets relatifs au service
civil obligatoire auquel ils sont soumis durant
une période allant de 1 à 4 ans. Une
revendication qui s’est heurtée au rejet du
ministère de la Santé. M. Ould Abbès justifie
de refus par le fait que « cela ne relève
pas de ses prérogatives, affirmant que ce
devoir est consacré par la Constitution dans
son article 6 ». Sur ce point, le Dr Benhabib
a estimé que « le collectif n’a jamais nié
l’existence d’une loi consacrant cette question,
mais nous voulons lancer une réflexion
autour de cette loi d’autant plus que
l’application de ce texte ne concerne que
le secteur médical ». Autre point relevé par
le Dr Benhabib : « Le ministre se contredit
puisque dans une récente déclaration à la
télévision, il avait promis de consacrer un
caractère facultatif à ce service civil ».
Que comptent faire les médecins résidents
? Réponse du Dr Benhabib : « Le collectif a
prévu de tenir une réunion demain
(aujourd’hui, NDLR) pour décider des actions
à entreprendre pour appuyer notre
mouvement de protestation. Une chose est
sûre : la grève continue jusqu’à l’aboutissement
de toutes nos revendications ». Ces
revendications sont liées à l’augmentation
des salaires et l’instauration des primes
de contagion et de risque, la réévaluation
de leur rémunération mensuelle
et la révision de la prime de garde à hauteur
de 4.000 DA au lieu de 690 DA. Le
salaire de médecins résidents, 8.000, est
plafonné à 32.000 dinars.
Amine L.
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Source : Le Quotidien d'Oran