L’affaire des cinq otages français
et deux africains détenus depuis
septembre dernier quelque
part dans le Sahel par Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi) se complique
pour la France, qui aurait voulu
négocier directement avec les ravisseurs.
Le chef d’Aqmi, Abdelmalek
Droukdel, en exigeant que les négociations
pour la libération de ces otages
se fassent directement avec le chef
d’Al-Qaïda, a compliqué les choses
pour le président français Nicolas
Sarkozy, comme il met la barre très
haut pour les négociateurs français,
dès lors obligés de traiter beaucoup
plus sur le plan politique les exigences
d’Al-Qaïda. Depuis Lisbonne où
il assistait au sommet de l’OTAN, dont
le menu des travaux porte notamment
sur l’allégement du dispositif
militaire mis en place en Afghanistan,
Nicolas Sarkozy a déclaré hier
que la France ne se laisserait « dicter
sa politique par personne ». Le
président français confirme en fait que
l’Elysée a bien reçu le message d’Aqmi,
et que pour le moment le ton est
à la « réprobation ».
La veille vendredi, Michèle Alliot-
Marie, la nouvelle ministre des Affaires
étrangères, a également repoussé
toute idée de négociations avec Al-
Qaïda pour la libération des sept otages,
cinq Français, un Malgache et un
Togolais. « La France fait tout ce qui
est en son pouvoir pour que tous les
otages, où qu’ils soient, soient libérés
sains et saufs », a-t-elle déclaré,
ajoutant que la France « ne peut accepter
que sa politique soit dictée à
l’extérieur par qui que ce soit ».
Dans un message audio officiellement
toujours en cours d’authentification,
le chef d’Aqmi, Abdelmalek
Droukdel, avait annoncé jeudi que les
négociations pour la libération de ces
otages ne seront dorénavant menées
qu’avec Oussama Ben Laden, et
averti la France que ce sera avec lui
qu’elle doit discuter si elle veut libérer
ses otages. « Toute forme de négociation
sur ce sujet à l’avenir sera conduite
avec personne d’autre que notre
Cheikh Oussama Ben Laden (...)
et selon ses conditions », a-t-il dit. Il a
ajouté que « si vous voulez que vos
citoyens qui sont prisonniers chez
nous soient sains et saufs, alors vous
devez vous dépêcher et retirer vos
soldats d’Afghanistan selon un calendrier
précis que vous rendrez public ».
Sarkozy, qui a conforté Michèle Alliot-
Marie dans ses déclarations de la veille, a précisé que « la ministre des
Affaires étrangères (Michèle Alliot-
Marie) a pris la parole et elle a parlé
en notre nom à tous. Je fais miens
ses propos, la France ne se laissera
dicter sa politique internationale et
nationale par personne ». Il poursuit :
« la France est un pays indépendant,
la France est un pays souverain,
la France est un pays qui ne veut la
guerre à personne, la France est un
pays qui ne veut imposer ses valeurs,
ses idées, ses idéaux à personne. Mais
la France ne se laissera pas dicter sa
politique par personne.
C’est une position qui ne bougera
pas ». « Par ailleurs, nous ferons tous
nos efforts pour ramener à la maison
les otages qui sont des victimes civiles,
qui n’y sont absolument pour rien,
qu’on retient dans des conditions
parfois extrêmement difficiles,
compte tenu de la topographie, du
climat et de la réalité géographique
et qui n’ont pas à se retrouver
pris dans ces conditions », a ajouté Nicolas
Sarkozy dans une conférence de
presse en marge du sommet de
l’OTAN à Lisbonne.
Mais, le message d’Aqmi a en fait
ébranlé l’assurance de l’équipe de
Sarkozy, au moment même de la tenue
du sommet de l’OTAN. Pour le
moment, les réactions françaises restent,
comparativement à l’événement,
timides, probablement du fait de la
tenue du sommet de l’OTAN. Sur le
sort proprement dit des otages, le président
malien Amadou Toumani Touré
se dit « certain » qu’Aqmi a dispersé
ses sept otages « en plusieurs groupes
», dans un entretien publié hier
dans Le Parisien. « Nous ne sommes
jamais parvenus à savoir exactement
où se trouvent les otages », a-t-il affirmé,
estimant que « les conditions ne
sont pas réunies pour une action militaire
en vue de libérer les otages ».
Pour le président malien, « Aqmi est
un péril de plus en plus grand même
si sur le plan militaire, la réputation
d’Aqmi est surfaite ». Les sept otages
d’Aqmi, dont cinq Français, ont été
enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre
sur le site d’une mine d’uranium
du groupe nucléaire français
Areva à Arlit, dans le nord du Niger.
Selon plusieurs sources, les otages
sont détenus dans des collines désertiques
du Timétrine, dans le nord-est
du Mali. Mais, au delà des déclarations
conjoncturelles, les tractations
devraient prendre une forme ou une
autre, mais elles auront lieu, selon des
spécialistes de ce type d’affaires liées
au terrorisme international.
Yazid Alilat
Tags:
France
Nicolas Sarkozy
Sahel
Sahara Occidental
Source : Le Quotidien d'Oran