Depuis l’enlèvement de cinq Français,
d’un Togolais et d’un Malgache sur le site
minier d’Arlit (nord du Niger), dans la nuit
du 15 au 16 septembre, toutes
les informations indiquent qu’ils seraient
retenus par l’ex-GSPC, dans le nord Mali,
dans la région de Timétrine.
A Bamako on ne semble pas
s’en inquiéter spéciale
ment. Alors que les agences
de presse rapportaient que
les sept otages seraient quelque
part dans la région malienne de
Timétrine, dans le nord, vers la
frontière algérienne, Bamako restait
impassible. Le 5 octobre dernier,
dans les colonnes du quotidien
français « Le Figaro » Amadou
Toumani Touré, président du
Mali, a assuré que la France
n’avait « pas demandé officiellement
l’aide du Mali » dans le dossier
des Français enlevés au Niger.
Mieux, le président du Mali,
Amadou Toumani Touré, a affirmé
que son pays n’était « pas impliqué
dans les négociations pour
la libération des otages » enlevés
au Niger par l’ex-GSPC, rebaptisé
« Al-Qaida au Maghreb islamique
» (AQMI) et « n’avait désigné
aucun « médiateur ». On peut
sen étonner, mais il a ajouté que
la France n’avait « pas demandé
officiellement l’aide du Mali dans
ce dossier ». Et puis, tranquille, le
président Amadou Toumani Touré,
« ATT » comme l’appellent ses
concitoyens, s’est envolé pour
New York pour un séjour d’une
semaine dans le cadre de ses activités
au sein de l’ONU.
UNE DISCRÈTE
« RÉCONCILIATION »
INTER-MALIENNE
Il semble bien que cette sérénité
soit fondée sur une avancée
dans le retour à la paix, dans le
nord du pays, jusque-là réputé
comme haut lieu d’insécurité.
Selon la presse malienne, une
médiation initiée par « ATT » à travers
les colonels El Hadj Gamou
et Ould Meydou a débouché sur
une réconciliation entre les communautés
des Ifoghas et des
Imgads. Pour la presse malienne
« les antagonismes d’alors, entre
le Mouvement Populaire de
l’Azawad (MPA) et l’Alliance Révolutionnaire
pour la Libération
de l’Azawad (ARLA) ont occasionné
une guerre fratricide dans
les rangs des Touaregs de Kidal
et de Gao ». Celle-ci ajoute que
« la goutte d’eau qui avait fait
déborder le vase a été la mort
de Bilal Saloum, bras droit de
Iyad Ag Aghaly, chef historique
de la rébellion des années 1990,
déclenchée par le MPA ». Ces rivalités
feraient désormais partie
du passé et la paix aurait été
scellée le 1er octobre dernier à
Koulouba. Pour le moment,
aucun leader targui n’a remis en
cause cette « réconciliation » qui
ne fait pas référence aux Accords
d’Alger de février 2009.
Dans l’affaire des sept otages
et de la tension régionale qu’elle
suscite, Bamako ne s’est pas prévalu,
non plus, des accords antiterroristes
qui la lient à l’Algérie,
au Niger et à la Mauritanie.
D’après ce qui a filtré de la
dernière rencontre de Tamanrasset
entre les chefs d’état-major
des quatre pays, c’est le Mali qui préside maintenant cette structure.
Or, à ce niveau, le Mali ne
semble rien avoir fait bouger. Pire,
relèvent des observateurs à Alger,
Paris annonce que Bamako abritera
les 14 et 15 octobre prochains
une réunion du « groupe
d’action antiterroriste » créé dans
le cadre du G8. Objectif déclaré :
« étudier le renforcement des capacités
des pays du Sahel contre
la menace terroriste d’Al-Qaïda
au Maghreb islamique ». Que deviennent
alors les accords militaires
ayant le même objet et rassemblant
les quatre pays de la
région ? Se demandent les observateurs
à Alger.
DEUX FERS AU FEU
Du côté malien, on semble bien
s’en remettre - du moins pour le
moment - à des signaux en provenance
de Paris et de Washington
sans pour autant renoncer à
jouer un rôle, au moment opportun,
au sein de l’état-major de
Tamanrasset. Le Mali, qui a mis
deux fers au feu, fait valoir que
la force spéciale française de 80
hommes « n’a pas été autorisée »
à s’installer à Bamako et que c’est
pour cela qu’elle est restée à Niamey,
loin du théâtre des opérations,
à savoir le Nord Mali. On
indique, également, que le groupe
terroriste d’Abou Zeid, qui a
revendiqué l’enlèvement, a été
repéré par l’armée française avec
le soutien des services de renseignements
américains. Autrement
dit, Bamako s’en remet complètement
à la France et aux Etats-
Unis dans une affaire qui se déroule
sur son territoire. En même
temps, le président « ATT » se dit
favorable, dans l’entretien accordé
au « Figaro », à une meilleure
coopération régionale et à une
« union sacrée contre le terrorisme
». Il a également énoncé des
vérités partagées entre autres par
les pays voisins, à savoir que « les
terroristes sont dans le désert parce
que nous n’y sommes pas. Les
terroristes se servent du déficit de
développement, de la précarité,
du désoeuvrement des jeunes.
Pour les combattre, il va falloir
que les ressources du trafic soient
coupées et mettre en place un développement
local ». Pour les
questions posées par les Touaregs
de son pays « ATT » a mis près
d’une décennie pour lâcher du
lest et prendre en charge ces aspects
sociaux, certains n’étant pas
encore réglés dans le Nord Mali.
Va-t-il avancer dans cette direction
? Selon la presse malienne,
« ATT » s’apprêterait à désigner l’ancien
ministre de la Défense, Soumeylou
Boubèye Maïga, fin connaisseur
du Nord Mali, au poste de ministre
de l’Intérieur. Il serait dit-on « appelé
à jouer un rôle important au sein du
Centre de renseignement sur le Sahel
(CRS), créé le 29 septembre
à Alger ». Pour les observateurs à
Alger, cela pourrait contribuer à
lever les ambiguïtés de l’apparente
sérénité de la présidence malienne
vis-à-vis de la problématique
du terrorisme dans la région
sahélo-saharienne.
Oualid Ammar
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Source : Le Quotidien d'Oran