L’édification d’un Etat palestinien et la paix israélo-arabe
ne peuvent se réaliser sans l’implication directe
de la Communauté internationale, et singulièrement
l’Europe. Parce que l’injustice que vit la Palestine trouve,
historiquement, son origine dans l’histoire européenne.
La majorité des
observateurs
politiques ne
croient pas que les négociations
israélo-palestiniennes
ouvertes
ce 2 septembre à
Washington, sous la
houlette des USA,
aboutiraient à un quelconque
résultat concret
pour la paix. Ils ont
raison. Pas parce que
les revendications des
deux parties en conflit
semblent inconciliables,
mais plutôt à cause
du principe sur lequel sont fondées
les négociations. En effet, croire que
le conflit met aux prises les seuls Palestiniens
et Israéliens, et dépend donc
de leurs seules volontés, est un raccourci
fatal à tout espoir de paix. Car
l’origine du problème (du drame palestinien)
est un pendant de la paix signée
par les Alliés au lendemain de
leur victoire sur l’Allemagne hitlérienne
en 1945. Les enjeux d’une paix durable
au Proche-Orient avec l’instauration
d’un Etat palestinien libre et démocratique
dépassent les deux protagonistes
: ils n’arriveront pas, seuls, à
cet idéal de paix si convoité par les
deux peuples. L’implication de la communauté
internationale, et singulièrement
l’Europe qui demeure en marge,
est non seulement capitale pour
faire aboutir la paix, mais légitime.
Faut-il rappeler que ce sont les Nations
unies qui ont adopté, le 29 novembre
1947, la Résolution 181 qui
prévoit le partage de la Palestine en
un Etat Palestinien arabe et l’autre Israélien
juif ? Cette décision de l’ONU
a été prise, notamment, suite aux terribles
massacres de six millions de juifs Islamopar
les nazis allemands avec la complicité
d’autres Etats européens tels la
France, L’Espagne, la Belgique et l’Italie.
Devant un tel drame qui s’apparente
à un holocauste commis par
une partie des Etats européens (et
non leurs peuples qui ont fait beaucoup
pour sauver les enfants juifs),
l’Europe coupable s’est amendée
du peuple juif en l’installant en Palestine.
Ainsi, d’où que l’on prenne
le conflit israélo-palestinien, la responsabilité
de l’Europe dans sa genèse
est inévitable.
Et pour être complet, il nous faut rappeler
aussi les guerres qui ont suivi la
création d’Israël, celles immédiates en
1947 et 1948 avec les premiers réfugiés
palestiniens. Il faut aussi ne pas
oublier comment entre 1948 et 1952,
alors que les Palestiniens étaient expulsés
de leurs terres ancestrales, rejoignant
la cohorte des réfugiés, les
Etats européens organisaient l’envoi
de convois de juifs rescapés de la
Shoah vers la Palestine. Les Etats arabes,
encore sous domination coloniale
ou étant à peine sortis du joug de la
domination coloniale (Egypte, Jordanie,
Syrie, etc.), ont tenté de s’opposer
à l’occupation tous azimuts de la
Palestine, sans succès (guerres de
1948, 1967 et 1973 notamment). Ces
rappels sont nécessaires pour comprendre
la complexité de la question
palestinienne et surtout pour comprendre
que la progression de l’occupation
territoriale de la Palestine n’a pas été
le seul fait des armées de l’Etat de l’Israël
naissant. Sans l’appui et le silence
complice de l’Occident, particulièrement
de l’Europe, Israël n’aurait pas
accaparé aujourd’hui les 78 % de terres
de la Palestine (le mandat de l’Onu
lui octroyait 18 % de la Palestine en
1948). Du reste, l’autre argument à
charge de la responsabilité de l’Europe
et des Nations unies tient aux nombreuses
résolutions (une quinzaine) du
Conseil de sécurité de l’Onu qui appellent
Israël au retrait des territoires
palestiniens dans ses frontières de
1967. Autrement dit, l’Onu (Europe
et USA dans ce cas) reconnaît le fait
colonial d’Israël et lui ordonne de libérer
les territoires occupés. Pourquoi
Israël n’exécute pas les ordonnances
justes de l’Onu ? Il est clair, qu’en plus
de leur culpabilité historique dans la
Shoah, les intérêts des Occidentaux
sont en jeu dans le projet israélien
d’occuper toute la Palestine, du moins
la réduire à une « réserve indienne ».
C’est dans ce sens que les négociateurs
palestiniens ne pourront faire le poids
devant une telle collusion d’intérêts.
Israël ne se sent nullement pressé pour
l’édification d’un Etat palestinien dans
ses frontières de 1967. Les deux parties
(Israël et l’Autorité palestinienne)
ne négocient pas à armes égales.
Il est impossible que les Palestiniens
recouvrent leurs droits légitimes à une
terre et un Etat sans l’implication de
l’Europe (à l’origine de la création d’Israël)
aux côtés des USA, première
puissance mondiale, justement depuis
la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Jeter toute la responsabilité de
l’échec annoncé des négociations sur
le président américain Barack Obama
est une forfaiture de l’Europe d’abord
et des voisins arabes d’Israël ensuite.
La « Communauté internationale » a
bien organisé des conférences internationales
sur l’Irak, l’Afghanistan, le Liban,
le Timor Oriental et bien d’autres
zones de conflits. Pourquoi laisse-t-on
les Palestiniens seuls face à Israël ?
Quant au « Quartet », reconnaissons
que même avec l’appui de l’Onu, il a
été incapable d’arrêter les massacres
de Ghaza en 2008-09. Et encore
moins l’expansion des colonies en Cisjordanie
et à Jérusalem-Est. A
Washington, Mahmoud Abbas est toujours
aussi seul à affronter Israël et ses
nombreux alliés occidentaux. Jusqu’au
point où Netanyahu a déclaré
que, dès le 27 septembre au matin,
les colonies en Palestine peuvent reprendre
leur inexorable occupation.
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Source : Le Quotidien d'Oran