Des enfants gambadent
en riant sur le toit
d’une mosquée,
d’autres jouent à cache-cache
entre une église et un temple :
sur ce terrain de jeu insolite
d’une ville danoise, petits musulmans,
chrétiens et hindous
font l’apprentissage de la tolérance.
Ouvert en août à Fredericia,
une ville de 50.000 habitants
située aux portes de la
péninsule du Jutland, cet espace
de jeu a été installé sur le
port à l’initiative de plusieurs
confessions implantées dans
cette cité pionnière, la seule au
Danemark à bénéficier dès le
18e siècle de la liberté de religion
et qui est devenue un
refuge pour les exilés.
Ce projet, appelé « Pont entre
les religions », est « né de discussions
entre les différentes
communautés et montre que
l’on peut faire des choses ensemble,
par delà nos diversités
et nos croyances », constate
Karina Dahlmann, pasteur
protestante à Fredericia.
Tournées vers la mer, ces
constructions représentant
une mosquée verte avec sa
coupole dorée, une église de
village en briques rouges et
blanches ainsi qu’un temple
hindou aux couleurs vives, ont
été peintes par des bénévoles
de diverses religions et attirent
un grand nombre de curieux.
Joydal Sritharan, un Danois
de 12 ans originaire du Sri Lanka, fait découvrir à des
proches venus des Pays-Bas la
nouvelle attraction « qui permet,
par le jeu, d’en savoir
plus sur les autres religions »,
leur explique-t-il.
Son grand-oncle, un patriarche
hindou, estime que « c’est
une bonne chose d’apprendre
aux enfants d’autres moyens
de se connaître ». Et il souhaite
qu’un tel projet soit « copié
aux Pays-Bas ».
Caroline, 9 ans, est venue
avec ses grands parents, enseignants
à la retraite. Elle
trouve « amusant de voir à
quoi ressemblent une mosquée
et un temple hindou et
de jouer avec des enfants
d’autres religions ».
Sa grand-mère Bente, « enchantée
par cet endroit qui
invite au dialogue entre les
religions et à l’apprentissage
de la tolérance », regrette cependant
« qu’il n’y ait pas de
synagogue ». D’autant, rappelle-
t-elle, que « Fredericia abritait
la deuxième communauté
juive au Danemark après
Copenhague, et était leur refuge
dans les années 1700 ».
Se défendant de toute exclusion,
un des initiateurs du
projet, Seref Isik, président
de l’association culturelle
turque, assure qu’ »on a demandé
à toutes les confessions
de s’y joindre ».
« Mais il y a très peu de juifs
aujourd’hui (à Fredericia).
C’est pourquoi ils n’ont pas
répondu à notre invitation »,
explique Mme Dahlmann, espérant
les voir « un jour rallier
ce projet, symbole d’une intégration
réussie ».
Venue spécialement d’une
ville voisine, Hanne Ravn observe
les répliques d’édifices
religieux et se dit « agréablement
surprise par ce terrain de
jeu si éducatif ». « Il est important,
dit-elle, que les parents
parlent avec leurs enfants pour
leur apprendre à être tolérants
et ouverts aux autres, dès leur
plus jeune âge ».
Le maire de Fredericia, Thomas
Banke, est fier de ce projet
financé par des fonds d’intégration
de la municipalité.
Car pour avoir voyagé au Proche-
Orient, il a vu « comment
la religion pouvait causer les
divisions et les guerres », dit-il.
« C’est pourquoi il est essentiel
d’apprendre aux enfants
que la religion doit être utilisée
non à s’entretuer, mais à
dialoguer, jouer ensemble
quelles que soient nos croyances
», affirme-t-il. Ce terrain de
jeu, selon M. Banke, fait « honneur
au passé de Fredericia,
refuge il y a trois cents ans des
pourchassés et persécutés de
tous bords comme les huguenots
ou les juifs ».
Aujourd’hui, la ville abrite
toujours des représentants « de
plus de 100 nationalités », souligne
son maire qui espère que
« ce projet fera des émules et
contribuera à faire du monde
un endroit plus tolérant pour
les prochaines générations ».
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Tolérance
Source : El-annabi.com