La vague d’islamophobie continue
aux Etats-Unis. Les musulmans
sont de plus en plus la cible d’agressions
qui interviennent sur fond d’une
campagne électorale aux relents xénophobes.
A New York, un chauffeur de
taxi musulman a été agressé, mardi
dernier, au couteau par un passager
qui lui avait au préalable demandé
s’il était musulman, question à laquelle
il avait répondu "oui". En Californie,
des individus qui ne sont pas encore
identifiés par la police ont apposé
des écriteaux offensant l’islam sur les
murs d’une mosquée. "Nous ne voulons
pas d’un lieu de terrorisme à
Ground Zero" (faisant allusion au projet
de construction d’une mosquée à
proximité des lieux des attentats de
2001) ou encore "Réveille-toi Amérique,
l’ennemi est là". C’est ce qu’a révélé
le Conseil des relations américano-
islamiques (CAIR). Ainsi, Ahmed
Sharif, 43 ans, chauffeur de taxi musulman
a été blessé à la gorge, au visage
et à l’épaule, avant d’avoir la présence
d’esprit de s’arrêter en voyant un
policier. Son agresseur, un passager de
21 ans, étudiant en cinéma, du nom
de Michael Enright, était rentré en mai
d’un tournage de cinq semaines en
Afghanistan. Il a été arrêté par un officier
de police alors qu’il était en état
d’ivresse. Il a été inculpé pour "tentative
de meurtre" et "crime de haine". Le
lendemain, l’Alliance des chauffeurs de
taxi ainsi que plusieurs associations
antiracisme ont dénoncé cette agression.
La "coalition de New York contre
l’islamophobie" a dénoncé "la tendance
croissante à la haine contre les musulmans à New York et à travers les
Etats-Unis", qui se manifeste notamment
"dans la polémique autour du
projet de centre culturel islamique à
proximité de Ground Zero". Le Conseil
des relations américano-islamiques
(CAIR) a appelé, pour sa part, "les dirigeants
politiques et religieux à rejeter
l’islamophobie". De son côté, le maire
de New York Michael Bloomberg a
déclaré, dans un communiqué répercuté
dans la presse américaine, avoir
"parlé avec le chauffeur de taxi (...) et
l’avoir assuré que l’appartenance à telle
ou telle religion ou ethnie ne saurait
faire de différence dans notre ville, et
l’avoir invité à la mairie". Le maire dit
avoir remercié la police pour sa célérité.
"Je me sens très triste, affirme ce
maire qui soutient fermement le projet
de la mosquée à Ground Zero, qui,
faut-il le souligner, est approuvé, en mai
dernier, par le conseil municipal de
New York. Il est à rappeler que le président
Obama avait défendu, la semaine
dernière, le droit de construire une
mosquée près de Ground Zero. M.
Obama avait affirmé à l’occasion d’un
Iftar à la Maison-Blanche "que les musulmans
ont le même droit de pratiquer
leur religion que quiconque dans ce
pays. Cela comprend le droit de bâtir
un lieu de culte et un centre communautaire
dans une propriété privée dans
le sud de Manhattan". La coalition de
New York contre l’islamophobie dénonce
la stigmatisation croissante des musulmans
aux Etats-Unis. Une stigmatisation
qui heurte pourtant des valeurs
très ancrées dans la culture américaine
: la liberté de culte et le respect des
minorités religieuses. Une chronique
publiée dans le journal américain
Washington Post souligne "l’absurdité
du camp anti-mosquée", qui a qualifié
l’autorisation de la campagne d’affichage
sur les bus de "victoire pour la Constitution"
au titre de la liberté d’expression.
"Cette même Constitution qui
garantit la liberté de religion".
La montée
de l’islamophobie aux Etats-Unis
intervient en pleine campagne électorale.
A deux mois des élections législatives
de novembre prochain, les anti-
"mosquée de Ground Zero" ou
d’ailleurs jouent aux pyromanes. Interrogé
sur le sentiment anti-islam qui
semble monter aux Etats-Unis, Saleh
Sbenaty, l’un des soutiens du projet de
centre culturel musulman de Murfreesboro,
explique sur le site du Washington
Post que cette tendance semble
"nourrie par la stratégie de certains candidats
qui, en cette saison électorale,
ont cru bon de s’en prendre aux musulmans
et à l’islam pour récolter des
voix supplémentaires". Le New York
Times met en avant le cas de la mosquée
d’Utica, dans l’Etat de New York,
que "la communauté locale a accueilli
les bras ouverts". Mais c’est pour aussitôt
souligner la rareté de tels cas... et
pour énumérer des exemples inverses.
"A travers le pays, des projets de mosquées,
sur des endroits bien moins sacrés,
se heurtent à une opposition", relate
ce journal, citant des cas dans le
Tennessee, en Californie et ailleurs.
Plusieurs associations de musulmans
américains se disent en effet inquiètes
d’un "climat d’islamophobie exacerbé"
aux Etats-Unis à l’approche du 11 septembre,
qui coïncide cette année avec
la fête de l’Aïd. Les discours haineux
stigmatisant les musulmans se répandent
et gagnent en virulence.
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Source : Le Quotidien d'Oran