Le Mali rejette tout
déploiement
de « forces militaires
combattantes »
étrangères sur son
territoire, rapporte
l’AFP en citant une
lettre datée du 1er
septembre 2012
envoyée par
le président malien par
intérim, Dioncounda
Traoré, à la Cédéao.
Curieusement, la lecture de la
lettre du président malien, qui
a été mise en ligne par plusieurs
médias, va totalement à l’encontre
de cette assertion puisqu’elle
demande dans un chapitre intitulé
« restauration de l’intégrité territoriale
du Mali » des « soutiens et appuis aériens
(appui renseignements, appui
direct des troupes engagées, destruction
des bases logistiques situées en
profondeur...) et « cinq (05) bataillons
à partir de la ligne de front, à engager
graduellement dans le contrôle
des villes reconquises ».
Un bataillon faisant, selon les armées,
entre 5.000 et 1.000 hommes,
on serait plus ou moins dans le chiffre
de 3.300 soldats annoncé par la
Cédéao. Certes, la lettre dispose bien
que dans l’aide demandée à la Cédéao,
« le déploiement d’unité de police
constituée ou de forces militaires
combattantes est sans objet ». Mais
cela n’enlève rien au fait que « 5 bataillons
» sont sollicités pour être engagés
« graduellement » dans
le « contrôle des villes reconquises ».
UN APPEL CONTESTÉ
Cette apparente contradiction n’est
en fait que le produit d’un arrangement interne avec le Mali, le président
ayant été obligé de composer
avec la junte qui ne veut pas d’une
présence militaire à Bamako qui affaiblirait
sa position. Un compromis
semble s’être dessiné sur le fait, les
bataillons à déployer ne le seront
qu’au Nord, sur la « ligne de front »,
à près de 700 km de Bamako.
Pour dire clairement les choses, l’intervention
étrangère est sollicitée à
condition qu’elle se passe au Nord,
dans les zones conquises par les djihadistes
islamistes.
Leur présence au Sud où les putschistes
conservent leur influence et
bloquent un retour à la normale est
indésirable. Le discours de la Cédéao
sur la nécessité de remettre de l’ordre
à Bamako passe donc à la trappe
alors que cela était présenté comme
un préalable avant toute opération de
reconquête du Nord.
A l’évidence, le président par intérim
malien a été contraint de tenir
compte du rapport de force à Bamako
et de réorienter la priorité vers
le Nord. Au regard de la « multiplication
des activités criminelles et
terroristes dans le nord du pays et
des risques sécuritaires qu’elles
font peser également sur toute la
sous-région dans l’immédiat et sur
le monde entier à terme, l’urgence
d’une action concertée et coordonnée
du Mali, de la Cédéao et de la
communauté internationale n’est
plus à démontrer ».
Des informations indiquent que le
chef de putschistes, le capitaine Sanogo,
après avoir été contesté, a
opéré un revirement en faisant savoir
qu’il refusait la venue de cinq
bataillons pour sécuriser les villes du
Nord après qu’elles eurent été arrachées
des mains des djihadistes.
« Nous ne voulons pas de soldats de
la Cédéao sur notre sol », a déclaré,
sur RFI, un des porte-parole du
capitaine, Bakary Mariko, qui
insiste surtout sur le déblocage d’armes
achetées par le régime d’Amadou
Toumani Touré, et qui sont retenues,
depuis fin juillet, par des pays
de la Cédéao, notamment la Guinée
et le Sénégal.
6.000 HOMMES !
Alors que la lettre du président malien
fait des vagues chez les militaires
à Bamako, Paris a réagi rapidement
en annonçant, jeudi, la tenue
d’une conférence sur le Sahel le 26
septembre, à New York, en marge
de l’Assemblée générale de l’ONU.
Une soixantaine de chefs d’Etat sont
conviés à cette conférence et le président
français, François Hollande, a
indiqué qu’il serait présent. En tout
cas, des informations persistantes
font état de la présence au Niger de
militaires européens pour entraîner
des soldats nigériens, maliens, mauritaniens.
Le chiffre des djihadistes
qui était jusque-là de quelques centaines
d’hommes est subitement
gonflé par certains médias qui évoquent
des recrutements massifs qui
auraient porté les effectifs à 6.000
hommes. Des drones effectueraient
des survols dans le nord du Mali. Les
éléments de l’intervention se mettent
en place alors que les djihadistes du
Mujao étendent leur influence au
Sud et narguent les autorités maliennes.
Certains analystes affirment que
la chute, sans combat, de la ville de
Douentza, entre les mains du Mujao
a accéléré l’envoi de la lettre du président
malien. La ville serait tout simplement
tombée à la suite du ralliement,
contre de l’argent, au Mujao
du commandant de la troupe qui défendait
la ville. Le Mujao a-t-il reçu
des armes via le Burkina comme l’a
affirmé Jeune Afrique qui cite des informations
des services français ? Le
ministre burkinabé de la Communication
s’en est indigné : « Il faut éviter
de se faire insulter. Il ne faut pas
croire à n’importe quoi ». Mais dans
le chaos du Sahel, on peut justement
faire croire n’importe quoi…
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Source : Le Quotidien d'Oran